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Life Is But A Dream
5 décembre 2006

Dream On (séquence 15)

Séquence 15: Obsession

Marion était repartie le lundi matin, avec la promesse que Chiara viendrait passer le réveillon du nouvel an chez elle. Totalement obsédée par son scénario, Chiara avait délibérément laissé de côté tout ce qui n'y touchait pas de près ou de loin: ses études, et "ses amours". Ses copains pouvaient bien la traiter de "frustrée", elle n'avait aucune intention de se mettre en chasse d'un petit copain pour faire taire leurs sarcasmes. Il l'embarrasserait plus qu'autre chose en ces importantes heures de création, quant au sexe... il y avait les filles du Pulp pour cela. Un jour, Marion s'était interrogée sur sa faculté à se passer de tendresse, de l'appui d'une épaule réconfortante et virile, et autres sornettes: Chiara avait plaisanté que Gale Harold était un petit ami parfait, satisfaisant sous tous les points. A dater de ce jour, bien sûr, tous ces amis furent définitivement persuadés que Chiara nourrissait un fantasme dévorant à l'égard de l'acteur. Chiara se rappela alors que les amis voulaient toujours croire ce qu'ils avaient envie de croire, et jamais ce qu'on leur disait.
Ainsi réfractaire à toute idée de mise en couple, Chiara ne guettait plus les mails ou les appels de son camarade Christian. De ce fait, leurs relations se limitaient à présent à des saluts, une bise rapide voire certains jours, rien du tout. Elle s'en fichait et apparemment, lui aussi.

Un jour où elle tapait distraitement le cours que le professeur annonait avec peine, elle vit littéralement son personnage Sofia se matérialiser à côté d'elle, elle aussi équipée d'un ordinateur portable. Sofia ne la regardait pas mais l'imitait, suivant elle aussi le cours avec l'air de profondément s'ennuyer. Du coup, Chiara écrit sur une nouvelle page Word: "Sofia assiste en cours sans éprouver à son égard une seule once d'intérêt. Ses pensées flottent ailleurs, on sait vers qui, mais elle est tout de même présente tous les jours ; dans l'espoir de voir sa curiosité s'éveiller peut-être, ou encore par habitude. Voix intérieure: "Ils semblent tous si passionnés par ces cours... Pourquoi je n'arrive pas à m'y intéresser? J'aimerais tellement le rappeler... mais j'ai peur de retomber sur sa femme. Et puis, il a peut-être regretté son appel juste après l'avoir passé. Je verrai ce qu'il en est mercredi.. Encore deux jours, je vais mourir avant! C'que ces cours sont chiants... Ils récitent tous leur prose avec tellement d'importance, comme si tout leur blabla faisait d'eux des gens intéressants... Qu'est-ce que je fous là? Pourquoi je me suis incrite là, parce que j'aime lire? Y'en a qui toute leur vie, savent ce qu'ils deviendront "plus tard", ils en ont de la chance.... Moi je ne sais même pas ce que je veux, maintenant. Je sers à rien... Je servirai jamais à rien."

Une fois ce passage écrit, Sofia disparut sous le regard ahuri de Chiara. C'est à peine si celle-ci s'aperçut que le cours était fini, et ne vit pas Christian s'approcher de sa table. Il regardait ce qu'elle écrivait par-dessus son épaule, et la fit sursauter en lisant: "Moi je ne sais même pas ce que je veux, maintenant. Je sers à rien, je servirai jamais à rien..." Ben c'est gai! Tu écris ton journal intime pendant les cours?". Elle se retourna, un sourire aux lèvres, et répondit:

"- Non non pas du tout, j'ai jamais pu tenir un journal intime. Rien à voir avec moi: c'est juste un... truc.

- Un truc... répéta le jeune homme en hochant la tête. Tu m'avais pas dit que t'écrivais, tu veux devenir écrivain en plus de magistrat? Admira-t-il.

- Oh, modéra-t-elle un peu gênée, je n'irais pas jusque là... C'est une sorte d'ébauche de scénario, avoua-t-elle avec un léger rictus embarrassé.

- Ah oui? ça parle de quoi? demanda Christian en se penchant plus en avant pour mieux voir l'écran. Mais Chiara abaissa son écran, mystérieuse, et expliqua:

- Désolée, je veux pas trop en parler pour l'instant... pas avant que ça soit terminé." Elle sourit en guise d'excuse.

Christian exprima sa compréhension, puis lui rappela que l'école de commerce voisine, l'Essec, donnait une fête le lendemain soir: "Je vais peut-être y aller, juste pour voir, ça a l'air marrant... Ca te tente?". Chiara fit la grimace et répondit, une note de dégoût dans sa voix: "Les soirées de l'Essec, c'est bien là où tous les puceaux du coin vont pour tirer leur coup après avoir drogué les filles, non?". Christian éclata de rire, et affirma que c'était surtout une légende urbaine. Chiara secoua néanmoins la tête, obstinée, et déclara que pour passer un bon moment, elle préférait aller au Pulp que voir des nanas se déshabiller devant une bande d'étudiants en rut.

"- Il y aura des mecs pour les stripteases aussi, remarqua Christian.

- Les pectoraux gonflés aux hormones, sans façon. Elle rit, imitée par Christian. En plus, ajouta-t-elle, je n'ai pas de voiture moi, ce n'est pas pratique pour moi de sortir le soir sur Cergy.

- Bon, j'aurais essayé..." Christian haussa les épaules avec un petite sourire au coin des lèvres, puis partit rejoindre des copains à l'autre bout de l'amphithéâtre.

Chiara le regarda partir ; il était vraiment mignon, songea-t-elle, avec une pointe non négligeable de charme, qui plus est. Les cheveux très noirs, assez grand et toujours vêtu d'une veste en cuir râpé, il était un des plus beaux garçons du niveau, mais ne semblait pas s'en apercevoir outre-mesure. Belles fesses en plus, nota-t-elle. Mais elle chassa ces pensées déroutantes de son esprit, et profita de la demi-heure de la pause déjeuner pour continuer ce qu'elle écrivait:

"Séquence 22: nouvelle fin de cours

David semble stressé pendant son cours. Il faut dire que Sofia garde les yeux obstinément fixés sur lui, et elle participe en plus: elle fait beaucoup de fautes, mais ses efforts ne peuvent que le faire sourire.

Quand le cours est terminé, elle va le voir, comme la première fois. Elle ne parle pas du coup de fil, et lui non plus, même s'il sait qu'elle sait. Elle réitère sa proposition de la semaine précédente (déjeuner ensemble). Elle le regarde droit dans les yeux, sait qu'il a peur d'accepter mais en a envie. David est sur le point de refuser, invoque un rendez-vous imaginaire avec une collègue... mais face au regard suppliant de la jeune femme, accepte.

Hors de la classe, Sofia fait mine de se rappeler qu'elle a acheté un livre d'anglais, et veut lui montrer. Mais pour cela, ajoute-t-elle, ils doivent aller chez ele. Il hoche juste la tête en signe d'assentiment. Dans l'ascenseur, un silence annonciateur. David baisse les yeux vers ses jambes: elle a mis une jupe courte. Il les relève, très vite.

Séquence 23: premiers symptômes

On est dans l'appartement de Sofia: la porte s'ouvre sur elle et David. Elle entre tout de suite et lui demande de fermer la porte ; il se retourne vers le couloir, dernière sortie de secours. Il le regarde quelques secondes, puis baisse les yeux et referme la porte. Tout est déjà joué. Sofia vit dans un studio ; le minuscule salon sert aussi de chambre. Le futon est replié. Elle apparaît, le fameux livre en main ; il est sobrement intitulé: "Learn English". David ne le connaît pas, mais le prend et s'asseoit sur le futon pour le feuilleter, après avoir posé son manteau sur le dossier comme elle l'y a invité, se retrouvant en bras de chemise. Sofia lui demande timidement s'il veut quelque chose à boire, en précisant qu'elle n'a que du jus de fruits ou de l'eau à lui proposer. Il opte pour le jus de fruit. De la cuisine, Sofia l'entend dire: "Il a l'air pas mal du tout ce livre, très pédagogique... bon choix, je crois." Elle sert le jus de fruit dans deux verres à Coca, en tremblant.  Elle s'installe près de lui, et s'excuse: "Désolée de ne pas avoir autre chose à vous proposer, de l'alcool par exemple...

- Oh, vous savez j'ai cours dans une heure, mieux ne vaut pas que j'arrive "pompète", comme vous dites...". Elle sourit, et profite de l'occasion pour raconter une anecdote:

- "Notre prof d'histoire du rock est arrivé soûl la semaine dernière, il avait bu trop de champagne à une réception donnée dans le hall pour les professeurs...

- Il avait bu au point d'être remarqué? s'étonne David avec un léger sourire.

- Ben, il est déjà assez fou habituellement, mais là il a passé l'heure à raconter n'importe quoi! badine-t-elle, le pire c'est quand le portable d'une fille s'est mis à sonner: il l'a prise à partie, lui a dit: "Vous avez un joli pull rose mademoiselle! c'est rose en-dessous aussi?". Comme David prend l'air mi-amusé mi-choqué, elle est encouragée et poursuit, riant de plus belle, le visage animé: "Tout le monde s'est mis à pousser des "ohhhh!", et il est devenu tout rouge, la fille aussi, et il a expliqué tant bien que mal que par "en-dessous", il pensait à son pantalon!". Ils rient de bon coeur.

Le temps que la gaieté s'estompe, leurs regards se rencontrent. Ses yeux à lui glissent légèrement vers la bretelle blanche de son soutien-gorge qui apparaît à l'encolure de son t-shirt. Deux secondes s'écoulent, peut-être deux et demi. Ils esquissent le même mouvement au même moment, mais il est le plus rapide: en un geste trop longtemps retenu, il attire le visage de Sofia vers le sien. Ses lèvres se posent d'abord sur son front puis sur sa bouche, le tout en une fraction de seconde. Leurs bouches s'entrouvrent: c'est un baiser passionné, presque brutal. Elle s'accroche à lui, lui tirant presque les cheveux. Leurs bouches se séparent, ils se fixent comme deux fauves à l'affût du moindre geste d'attaque, serrés l'un contre l'autre. Puis il la fait tomber brusquement sur le futon, l'embrasse à nouveau tandis que ses mains cherchent fébrilement sous le t-shirt ; ses seins sont petits et fermes, il les caresse. Puis sa main gauche descend, soulève un peu la jupe, effleure le bas et le haut de sa cuisse nue. Quand il touche le slip de coton blanc, elle laisse tomber sa tête en arrière et pousse un léger soupir.

Ce soupir semble  ramener David à la raison: il s'arrête, et scrute son visage. Sofia l'observe à son tour, étonnée. Là il se relève d'un bond et saute sur ses pieds, tremblant comme une feuille, sans cesser de murmurer comme une incantation (ou un exorcisme?): "Je suis désolé... vraiment désolé....". Elle se lève à son tour, un peu rouge, remet sa jupe et tente de le calmer en lui touchant le bras: "Ce n'est pas grave, c'est moi... c'est à moi de m'excuser". Mais le pauvre homme ne semble même plus se souvenir d'où il est, ce n'est même pas évident qu'il lui parle à elle: "No it's me, it should not have happened...ça n'aurait pas dû arriver, j'suis vraiment désolé...". Puis il enfile sa veste, lui jette un regard navré mais terrifié, marmonne une dernière fois: "Je suis désolé...", et s'enfuit en claquant la porte. Sofia se rassied et fixe d'abord la porte qui vient de se fermer d'un air abattu, un peu abruti. Puis elle s'allonge à moitié sur le futon, et s'entoure de ses bras comme pour revivre le moment.

(Ils sont de plus en plus bêtes, tout va bien)

B.O: FYT de This Mortal Coil"


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Commentaires
S
Une semaine sans écrire?!<br /> Comment oses-tu!?<br /> LA SUITE!<br /> <br /> :-p
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