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Life Is But A Dream
13 décembre 2006

Dream On (séquence 16)

Séquence 16: L Word

Le lendemain de sa rencontre avec Christian, Chiara affronta une journée de grève. "Encore une...", soupira-t-elle debout sur le quai, en soufflant dans ses mains pour les réchauffer, son manteau n'ayant pas de poches où les fourrer. Elle avait fait confiance au site de la SNCF qui la veille, annonçait avec assurance qu'il n'y aurait aucun problème. Bien sûr, elle avait eu tort. Il était à peine huit heures du matin, et elle devait attendre presqu'une demi-heure dans un froid glacial à cause des grèves et de petits saligauds qui avaient bloqué une porte, et du même coup fait rater leur correspondance à une centaine d'usagers. Elle arriva finalement en TD d'anglais avec dix minutes de retard, mais ne prit pas la peine de s'excuser: la professeur savait très bien ce qui se passait. De toutes façons, Chiara ne l'appréciait pas et savait l'animosité réciproque ; chaque semaine, elle maugréait intérieurement en la regardant que son personnage était aux antipodes de la réalité qu'elle subissait chaque mercredi matin: beau, sympathique et intelligent. Si elle tolérait les deux premières lacunes sans trop de difficultés, la bêtise flagrante et l'incompétence de sa professeur exaspéraient Chiara au plus haut point. Comble de l'ironie, elle se levait à six heures du matin juste pour elle...

Deux heures plus tard, elle retrouva sa copine Fathia dans l'amphithéâtre pour un cours de droit du travail. Après l'avoir embrassée, Chiara pesta contre les responsables de sa mésaventure du matin: "Ils nous soûlent avec leur grève, ils préviennent même plus maintenant! Et tu peux me traiter de rasciste, n'empêche que ceux qui sont montés dans le wagon après que leurs potes aient bloqué les portes du train, c'étaient tous des beurs avec des bonnets sur la tête!

- Pourquoi je te traiterais de rasciste? Fathia haussa les épaules. Ces mecs sont mes voisins, je bien placée pour savoir qu'ils ne respectent personne... C'est le blanc de la banlieue tranquille qui te traiterait de rasciste! conclut-elle en riant.

- En effet, ce sont toujours les gens sans problèmes qui nous font la leçon", approuva Chiara tout en admirant secrètement la beauté de sa camarade.

Fathia avait le même âge que Chiara, ce qui les rendait toutes les deux plus âgées que la moyenne des étudiants de licence. Elle pratiquait la religion musulmane avec une foi intense, mais refusait cependant de s'affubler d'un voile, étant trop sûre de sa valeur pour se rabaisser symboliquement aux yeux de son Dieu et des hommes. Fathia était en plus une splendeur, et Chiara ne se lassait pas de la dévorer des yeux chaque fois qu'elle en avait l'occasion. Malheureusement, Fathia avait un petit ami depuis trois ans ; Chiara avait songé à elle en créant la confidente de Sofia. A sa connaissance elle était hétérosexuelle, à sa connaissance seulement... Alors que les heures s'écoulaient, elle songea à l'invitation de Christian. Elle eut envie de proposer à lui et à Fathia de se rendre au Pulp le prochain samedi soir, mais elle avait peur d'avouer du même coup à Fathia qu'elle aimait les femmes. Celle-ci risquait en effet de s'apercevoir de l'attirance que Chiara éprouvait pour elle, et de s'éloigner de peur de se faire harponner. Elle décida donc d'attendre de la connaître mieux. Par contre, la réaction de Christian lui importait peu. Les hommes étaient rarement choqués par l'homosexualité féminine: soit elle les excitait, soit ils s'en moquaient. Elle eut une idée de génie: demander à Caroline de les accompagner. Trop heureuse de voir Chiara s'intéresser à un membre de la gent masculine, elle ne pourrait pas refuser.

Justement, son amie vint la rejoindre quand le cours eut touché à sa fin. Le portable de Chiara réintégra sa mallette et celle-ci tira la jolie blonde par la manche sans que celle-ci ne puisse réagir. Elles se postèrent devant Christian et Chiara fit les présentations: "Christian, je te présente Caroline, ma meilleure ennemie!". Comme Christian riait Caroline précisa:

"- Ne crois pas qu'elle plaisante, il y a vraiment des jours où on se déteste!

- Quoiqu'il en soit, reprit Chiara, je me suis dit que ça serait sympa d'aller en boîte tous les trois, samedi prochain. Si vous êtes libres bien sûr!

- Pour moi ça va, répondit Christian, visiblement ravi par la proposition. Caroline haussa les épaules en signe d'assentiment. Quelle boîte? demanda-t-il.

- Je pensais au Pulp, c'est un endroit très sympa. Et soit dit en passant, c'est deux euros de moins que l'entrée à une fête de l'Essec! Chiara esquissa un sourire moqueur. Elle ajouta, malicieuse: en plus, c'est toujours pleins de filles...

- Il faut quand même savoir que... Chiara donna un coup de coude discret à Caroline avant que celle-ci ne puisse terminer sa phrase, et compléta rapidement:

- ... qu'on peut avoir du mal à se garer à partir d'une certaine heure!"

Caroline fit les gros yeux, mais garda le silence. Christian affirma qu'il se débrouillerait ; Chiara lui rappela que ni elle ni Caroline n'avait de voiture, et suggéra donc qu'ils se retrouvent à Cergy. Elle précisa que si besoin, elles dormiraient dans l'appartement de sa grand-mère, à Sèvres. La proposition fut acceptée, et ils se séparèrent avec gaieté.

Quand le jeune homme se fut éloigné, Caroline et Chiara firent de même, dans l'autre sens. Caroline nota: "Hé bien, voià une affaire rondement menée. Il est mignon, t'as des projets avec lui?

- Peut-être, répondit Chiara, un petit sourire aux lèvres.

- Ah, ça fait plaisir de te voir t'intéresser à un mec! Tu fais bien de me prévenir, il m'aurait bien plu. Mais t'aurais pu le prévenir que c'était une boîte à goudous quand même, il avait pas l'air de savoir, lui reprocha Caroline. C'est quoi l'idée?

- Qu'est-ce qui te dit que j'ai une idée derrière la tête? J'aime bien le Pulp.

- Tu en as toujours une! Affirma Caroline. T'amènerais pas un hétéro dans une boîte de gouines juste pour le fun. Alors, t'accouches?

- C'est pourtant simple, répliqua Chiara. Ce mec m'intéresse, je l'aime beaucoup et je crois que c'est réciproque, mais s'il sort avec moi je veux que ce soit en connaissance de cause.

- Tu pourrais lui dire tout simplement ; lui annoncer de cette manière c'est peut-être un peu brutal, non?

- Dans la mesure où pour l'instant il n'est pas question de sortir ensemble, c'est dur à placer dans la conversation, expliqua Chiara. De toutes façons il fallait bien qu'on se voie hors de la fac pour éventuellement aller plus loin... je fais d'une pierre deux coups, voilà tout!

- Il va pas être déçu... railla Caroline. Lesbienne dans son milieu naturel!

- Je ne suis pas lesbienne, s'irrita Chiara.

- D'accord, d'accord, et t'es pas hétéro non plus... Un jour 'faudra peut-être que tu choisisses ton camp, non? Chiara plaisanta:

- Pourquoi un "camp", on est en guerre? Caroline soupira:

- Après tout c'est ta vie sexuelle ma belle, t'en fais ce que tu veux... Bon, on est devant le RER là: on va toujours voir le dernier Woody Allen?

- Oh oui alors, depuis le temps que je l'attends!".

Séquence 17: Loud and proud

Le jour dit, Chiara donna rendez-vous à Caroline et à Christian à vingt-deux heures, devant l'université. Elle découvrit avec ravissement que Christian avait du Bowie dans sa voiture, et ils entonnèrent tous les trois à tue-tête des classiques comme Changes, que Chiara avait toujours considéré comme son hymne, mais aussi Station to Station, Moonage Daydream... Chiara ne sortait jamais d'une boîte - toujours une boîte gay - sans avoir demandé une chanson de David Bowie. Le plus souvent, bien sûr, ça se décidait entre Let's Dance et Modern Love, à croire qu'il n'avait chanté que dans les années quatre-vingt.  Quand ils pénétrèrent dans le club après avoir payé leur entrée, Madonnait hurlait son célèbre Hung Up, remixé dans une sauce pas très goûteuse. Christian s'étonna de ce que les filles avaient payé: il était habitué aux lieux dont l'entrée était gratuite pour elles. Caroline pouffa, Chiara quant à elle se borna à répondre qu'il comprendrait vite. En effet, quand il ressentit la dose d'oestrogène que transpirait la foule mouvante, qu'il constata qu'il n'y avait que des barmaid, et croisa des créatures au crâne rasé et vêtues de marcels, il comprit. Pour tout commentaire il souffla: "Ah d'accord...". Chiara se tourna vers lui, et l'interrogea d'un air futé: "Ca t'embête?

- Oh non... pas du tout! C'est marrant.", rétorqua-t-il, bien qu'étant visiblement en pleine confusion.

Chiara sentit qu'il se posait des questions à son sujet, mais n'osa toujours pas aborder la question de front. De son côté, Caroline s'était déjà fondue dans la foule, ayant repéré un des rares hétérosexuels de la boîte, venu comme Christian accompagné de copines. Il était manifestement plus jeune qu'elles mais Chiara dut reconnaître qu'il était très sexy, avec sa chemise ouverte et ses muscles longs et fins ; Caroline, avec sa beauté stupéfiante et son culot légendaire, ne tarda pas à le voler à ses ternes amies.

La chanson suivante fut Mother's Talk de Tears for fears. Chiara poussa un cri de joie, imitée par quelques congénères, et pénétra à son tour la foule en tirant un Christian intimidé par le bras. Elle le sentit toutefois se détendre quandelle se rapprocha de lui pourqu'ils dansent ensemble sur le tube lui aussi transfiguré. Comme il était encore tendu et regardait partout autour de lui comme s'il était en territoire ennemi, elle lui fit signe de se rapprocher et lui dit à l'oreille: "Détends-toi, t'es pas leur type mais elles vont pas te manger pour autant, je te jure!". Christian rougit puis rit doucement.

Chiara jeta un regard circulaire à la salle pour trouver Caroline, sans succès. En revanche, elle croisa les grands yeux noirs d'une petite brune à la peau mate qui dansait non loin d'elle. Son coeur cessa de battre pendant une seconde et demi: c'était Sofia. Ou tout du moins, était-ce ainsi qu'elle se l'imaginait. La fille dut remarquer son trouble car elle soutint son regard ; gênée, Chiara détourna le sien. Elle tenta de recentrer son attention sur Christian, qui s'amusait à présent comme un petit fou bien qu'il dansât gauchement. Mais ses yeux se reposèrent immédiatement sur la fille, qui lui sembla avoir un corps parfait, dont les déhanchements gracieux épousaient parfaitement le rythme de la chanson... Comme elle ne parvenait pas à s'en détacher, les yeux bruns la fixèrent une nouvelle fois ; une bouche sensuelle et légèrement pulpeuse dessina un sourire, et les pupilles se mirent à briller dans sa direction. Chiara sentit alors un drôle de creux dans son estomac, premier sympôme. Comme à chaque fois, elle sourit à son tour, puis fit mine de s'intéresser à son partenaire sans se départir de sa malice. Christian se rendit compte alors que quelque chose avait changé dans son expression mais avant qu'il ait pu demander, la belle brune était à leur côté. Elle s'était mûe vers eux sans cesser de danser, gracieusement. Elle s'adressa à Chiara, sans un regard pour Christian: "Salut. Tu aimes Tears for fears?

- Cette chanson en particulier. Répondit Chiara en souriant.

- On danse alors?" Suggéra la brune.

Chiara acquiesça et les deux jeunes femmes s'exécutèrent, sans se quitter des yeux. Christian, à l'évidence troublé, s'éloigna de la piste de danse et les regarda. Elles ne se parlaient pas et ne riaient même pas ensemble: le contact de leurs regards et de leurs membres suffisait. Le jeune homme était étonné mais pas choqué: deux jolies filles attirées l'une par l'autre qui dansaient ensemble, c'était simplement beau.

Quand un nouvelle chanson succéda à Mother's Talk, la jeune femme brune invita Chiara par un signe à aller au bar. Celle-ci l'imita pour indiquer leur mouvement à Christian qui acquiesça d'un signe de tête, et suivit sa nouvelle partenaire. A ce moment Caroline surgit de nulle part aux côtés de Christian, qui  sursauta quand elle dit à son oreille: "On dirait que tu as découvert un nouvel hobbie de Chiara!

- J'avoue que je suis très surpris! cria-t-il pour couvrir la musique, je ne pensais pas du tout qu'elle était lesbienne! Je croyais même avoir une chance avec elle, c'est dire...

- Tu en as une! lui jura Caroline sur le même ton. Tu lui plais beaucoup, elle me l'a encore dit hier!". Christian lui lança un regard stupéfait. Caroline proposa qu'ils aillent rejoindre les filles au bar, où ils seraient moins gênés par le volume assourdissant que de la sono.

Chiara et sa nouvelle amie, Marina, sirotaient chacune une coupe de champagne, obtenue gratuitement grâce à leur ticket d'entrée. La conversation portait pour l'instant sur leurs activités perspectives, banale entrée en matière. Marina déclara être stagiaire dans une agence de publicité parisienne et étudier dans ce cadre ; elle n'était par conséquent pas payée mais était néanmoins satisfaite de son travail, travaillant dur et apprenant beaucoup. Chiara se montra sincèrement admirative. Marina demanda: "Tu viens souvent ici? Je ne crois pas t'avoir jamais vue.

- Oh, cela dépend, parfois ce sera tous les week-ends pendant un mois, puis je vais passer deux mois entier en pantoufles... répondit Chiara. Elle ajouta en se passant nerveusement la main sur la nuque: de toutes façons je ne suis pas très remarquable...

- C'est faux, quand tu veux tu sais te faire remarquer... Marina fit entendre un rire chantant. Tu as un regard très intense, tu es très attirante...

- Et toi alors, tu es... magnifique", souffla Chiara en se rapprochant sensiblement de Marina.

Celle-ci allait répliquer, mais Caroline intervint, avec à côté d'elle un Christian mal à l'aise: "Désolée d'interrompre ce beau duo d'amours, je m'appelle Caroline et voici Christian, des amis de Chiara!". Elle tendit une main volontaire à Marina, qui la serra mollement et répondit: "Salut, je vous l'ai volée excusez-moi...". Elle examina Christian de la tête aux pieds et lança: "T'es pas un habitué de la maison, je me trompe?

- Je confirme, je suis venu en touriste... oui c'est ça, en touriste!". Les trois filles éclatèrent de rire, et Marina s'enquit de son appréciation de la visite: "C'est intéressant", rétorqua Christian, "Comme Chiara me l'avait dit, il y a... beaucoup de filles!". Il sourit malicieusement à Chiara, qui haussa les épaules avec une moue confuse. Marina fit à nouveau entendre son rire mélodieux et invita les nouveaux venus à commander à boite avec leurs entrées. Chiara s'enquit du jeune homme que Caroline avait ramassé: "Sa petite copine est venue le chercher en glapissant, fin de l'histoire", expliqua Caroline avec un léger dépit. Le groupe resta encore un moment au bar pour discuter, puis retournèrent danser.

Sur la piste, cette fois, Marina et Chiara dansèrent collées l'une contre l'autre. Chiara eut le souffle court quand les mains de Marina s'aventurèrent enfin sous son débardeur. Elle espérait passer la nuit avec elle ou au moins obtenir son numéro: Marina ressemblait tellement à Sofia! Elle fut frappée de s'entendre penser qu'elle lui "ressemblait": Sofia n'existant pas, n'ayant été jamais dessinée et encore moins interprétée, comment pouvait-elle "ressembler" à une vraie personne? On aurait dit qu'à force de penser à eux, Chiara avait fait de ses personnages des vraies entités vivantes ; elle ignorait, encore, jusqu'à quel point elle avait mis d'elle en eux. Comme elle s'enveloppait de la beauté de Marina, celle-ci attira enfin son visage vers elle et l'embrassa. Christian ne put s'empêcher de les regarder avec une fascination ahurie, puis détourna le regard pour ne pas les importuner. Caroline le surprit et secoua la tête en riant doucement, dansant toujours et encore.

Ils quittèrent le Pulp vers quatre heures du matin, épuisés. Comme elle l'espérait, Marina invita Chiara dans son studio, qui se situait non loin de là. Chiara confia les clés de l'appartement de Sèvres à Caroline sans plus de commentaire, son amie sachant très bien tout ce qu'elle pouvait et devait faire là-bas. Bon prince, Christian fit une bise à Chiara, salua Marina et partit avec Caroline. Dans la voiture, celle-ci le sonda: "T'es pas trop déçu?". Sans quitter la route des yeux, Christian avoua: "C'est vrai que c'est pas trop ce j'attendais... Même si je n'espérais rien de particulier, je précise: je voulais juste la connaître un peu mieux, mais je m'attendais pas à découvrir euh... ça.". Caroline le couva des yeux, le trouvant décidément adorable. Elle allait répondre quand son portable vibra. Elle l'ouvrit et découvrit un message de Chiara: "Pas touche!". Elle soupira. Puisqu'elle ne pouvait pas le draguer elle tenta de trouver des mots pour consoler Christian, mais rien ne venait. Chiara l'énervait de l'avoir laissée avec un garçon frustré dont elle ne pouvait rien faire. Finalement, elle feignit de dormir contre la vitre de la voiture.


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